LA CORSE EN 500 PAGES

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Rusio - Rusiu

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    Rusiu est une commune de la Castagniccia située sur le versant sud du San Petrone, à une quarantaine de kilomètres de Corte. Pour s'y rendre, on emprunte la Nationale 193, puis l'embranchement du pont de Saint-Laurent environ deux kilomètres après Francardo.
  Rusiu a longtemps été la localité rivale par excellence, éloignée du réseau routier jusqu'à la fin des années cinquante. Elle n'en a pas moins compté plus de 300 habitants à cette époque, ainsi que deux écoles de près de 80 élèves. Cinquante personnes y vivent aujourd'hui en permanence.
  C'est un vieux village au cachet montagnard, perché sur une arête rocheuse, avec une église et son joli clocher de pierre. Il existe une ancienne chapelle San Giusto au nord, d'origine romane et  une chapelle San Cervone au sud-est entièrement reconstruite sur un établissement médiéval. Il y a aussi chapelle Sant'Alessio qui se trouve à la pointe sud de la commune, sur fondations anciennes.
  La commune se situe sur un territoire de montagnes boisées aux sommets dénudés de 1000 à 1500 mètres entre le Mont Piano Maggiore (1551 m) à l'est et Pointe de l'Ernella (1473 m) à l'est.
  La fête patronale est le 8 Septembre et la fête communale le 15 août avec souvent les traditionnelles messes chantées "a paghjella".

Les gens de Rusiu

C'est le village de Charles Rocchi, figure emblématique du chant, mais aussi celui de "Natalellu", légende de la poésie. Aujourd'hui, dans la petite commune de la Castagniccia, on s'efforce de sauvegarder des traditions, même si les choses ont bien changé

  Quand le soleil y brille généreusement, Rusiu est un vrai petit paradis. Un habitat bien restauré au milieu duquel serpentent d'agréables ruelles, une végétation dense parsemée d'arbres fruitiers, sans oublier l'incontournable châtaigneraie qui caractérise le site. Comme tous les villages de la micro-région, au sud comme au nord, la commune de Rusiu s'étend au pied du San Petrone, qui du haut de ses 1 700 m, domine la Castagniccia.
  Rusiu se démarque pourtant de ce pouvoir de séduction commun à toutes les localités de l'intérieur de l'île. Car il a gagné les coeurs en faisant entendre sa voix et écouter ses vers. La culture corse y a élevé un véritable bastion dont la réputation perdure encore aujourd'hui, grâce à quelques héritiers soucieux de sauvegarder le trésor des années de gloire.
  Philippe Rocchi travaille à l'Équipement et vit sur Bastia. Pour- tant, la montée au village le vendredi soir a, pour lui et sa famille, presque valeur de rituel.

"Ici, le chant c'était la vie"
  Philippe chante la polyphonie depuis toujours. Avec un autre enfant de Rusiu, Benoît Sarocchi, il fait partie du groupe "Voce di Corsica" qui a décroché voilà quelques années, un trophée mérité à la cérémonie des "Victoires de la Musique". Quand et comment Philippe a appris cet art, il ne s'en souvient pas vraiment. "J'ai toujours baigné dans cette ambiance culturelle. J'étais enfant au village, j'entendais les adultes chanter la paghjella. J'y ai été très sensible, et j'ai fini par apprendre". Il faut dire que Philippe avait de qui tenir. Les Rocchi ont figuré parmi les plus belles voix de Rusiu : son grand-père "Filippone", son père Francescu, ses oncles, "Petrinu", qui excellait aussi dans le chjami e rispondi, et bien sûr Carlu, véritable pionnier du chant corse. Petru Oppisi, Saveriu Moretti appartiennent eux-aussi à l'histoire de Rusiu.

"U muraglione" au lieu du comptoir
  Autant de voix, presque anonymes, qui ont pourtant fait entrer le chant dans le quotidien rural d'autrefois.
  A Rusiu, où l'on a dû attendre 1958, pour être raccordé au réseau routier, on chantait en effet du matin jusqu'au soir. Toussaint Rocchi, maire de la commune depuis 1995, se souvient de son grand-père, Antoine Moretti, "qui faisait entendre ses "terzetti" dès l'heure de la toilette". "Toutes les occasions étaient bonnes pour chanter ajoute Philippe, et les heures de travail, par exemple la "tumbera" ou la tonte des brebis, étaient des instants privilégiés ". " Même les simples rencontres, sur un site du village que l'on appelait "u muraglione", donnaient lieu à des "paghjelle".
  A l'heure où la polyphonie de Rusiu n'avait de cesse de retentir, la messe chantée faisait également partie du quotidien.

L'intérêt de Félix Quilici
  "C'était le temps où la présence des prêtres était permanente dans les villages confie le maire. Les offices religieux étaient donc beaucoup plus nombreux".
  Un homme s'est tout particulièrement intéressé à ces instants sacrés: Félix Quilici, ethnomusicologue et musicien à l'orchestre international de l'ORTF. Sa méthode, parcourir les villages, magnétophone en bandoulière, afin d'immortaliser les précieux morceaux. " Il est venu pour la première fois en 1948 rappelle Philippe Rocchi, et surtout en 1959 pour le fameux enregistrement de la messe des morts et des vivants". "Félix Quilici a largement contribué a donner à Rusiu cette réputation de haut-lieu du chant insiste Bernard Pazzoni, ethnomusicologue du Musée de la Corse. Tout comme Charles Rocchi qui s'est souvent inspiré des airs de violon que jouait son père. Mais ce qui caractérisait le personnage du ,temps de sa splendeur, c'est son incomparable sympathie qui donnait une saveur particulière aux soirées qu'il animait dans les villages, ainsi qu'un usage de la langue corse qui mettait en valeur un riche vocabulaire. C'est aussi ce qui a fait la force de Rusiu, à l'instar de quelques autres villages comme Asco, ou encore Levie".

Jusqu'à Saint-Germain-en-Laye
  Mais de l'avis du responsable de la phonothèque du Musée de la Corse, Les Rocchi, Oppisi, Sarocchi, et autres Vincensini, avaient tous, "un sens musical inné". Et cette réputation les a suivis jusque sur le continent. A Saint-Germain-en-Laye notamment, où de nombreux Rusinchi qui s'y étaient fixés, organisaient régulièrement des soirées".
  A l'occasion de notre visite à Rusiu, Philippe Rocchi s'en est allé dans les rues du village, interprété une paghjella avec Frédéric, Bastianu et Jeannot. Quelques minutes de plaisir partagé au pied de la maison qui a vu naître « Natalellu », le poète local. Sa famille vient d'ailleurs occuper la demeure pendant plusieurs mois de l'année : Antoinette, Marie, Bastianu, ses arrière petits-enfants, et Ghjuvan Benedettu, un arrière petit-neveu. Au village, le meunier devenu poète est un motif de fierté. "Il est décédé en 1916 rappelle Ghjuvan Benedettu, pendant la première guerre mondiale, après avoir écrit une chanson sur la victoire de la Marne". A défaut de pouvoir renouer avec cette tradition, les représentants des nouvelles générations aimeraient que le village conserve autant que faire se peut une certaine passion pour le chant. "Tout est différent aujourd'hui. Les fêtes sont les seules occasions de chanter à Rusiu, et ces chants-là sont plus souvent interprétés par les "furesteri" que par les "paisani". Sans avoir la prétention de faire revivre le passé, Rusiu aspire à conserver quelques belles voix. "Car les chants de nos anciens ne mourront jamais assure Philippe Rocchi. "U versu rusincu" a depuis longtemps franchi les frontières de la Castagniccia ».

Les artistes contemporains originaires du village

Anna ROCCHI, ex de Canta u Populu Corsu, avec son dernier album : Da l'Alturaghja
Benoit SAROCCHI, ex Voce di Corsica.


La reconquête de la châtaigneraie
  Soigner, et exploiter la châtaigneraie constitue depuis quelques années l'une des préoccupations majeures de la commune de Rusiu. Plusieurs kilomètres de pistes y on été aménager, tandis qu'une association syndicale libre a été créée   pour dynamiser cette action de reconquête qui semble porter ses fruits. En effet, deux jeunes de la commune, Fréderic Moretti et Pierre Pastinelli, ont installé une activité d'exploitants agricoles dans le cadre d'un Groupement d'activité agricole en commun.

 

 CE TEXTE EST TIRE DU SITE : http://rusio.free.fr/

ET AUSSI A : http://dragouli.pagespro-orange.fr/corsica2b.htm